La CNESST a rendu public les conclusions de son enquête suite à un accident de travail mortel survenue le 15 octobre 2018, sur le chantier de réfection de la chaussée de la route 283, à Notre-Dame-du-Rosaire.
La CNESST rend aujourd'hui publiques les conclusions de son enquête sur l'accident du travail qui a coûté la vie à M. Patrick Morin, technicien en arpentage pour WSP Arpentage de construction inc., le 15 octobre 2018, sur le chantier de réfection de la chaussée de la route 283, à Notre-Dame-du-Rosaire.
Chronologie de l'accident
Le jour de l'accident, M. Morin s'affairait à prendre des mesures d'arpentage sur une voie fermée à la circulation à proximité d'une camionnette stationnée sur la voie. À un certain moment, un conducteur de camion-benne a amorcé une manœuvre de recul, qu'il a interrompue à environ 1,5 m de la camionnette qui lui bloquait le passage. M. Morin prenait à ce moment des mesures, en faisant dos à la camionnette et au camion-benne. Lorsque la camionnette a quitté sa position, le conducteur du camion, croyant la voie dégagée, a alors repris sa manœuvre de recul en direction d'une pelle hydraulique située un peu plus loin sur la voie fermée. Voyant le risque de collision imminent, l'opérateur de la pelle hydraulique a aussitôt actionné son klaxon qu'il a maintenu en continu afin de signaler le danger à M. Morin et au conducteur, mais personne n'a réagi. Le camion-benne a heurté le technicien en arpentage. Les services d'urgence ont été appelés et le décès du travailleur a été constaté sur place.
[video]2019/cnesst20.mp4[/video]
Les causes de l'accident
L'enquête a permis à la CNESST de retenir trois causes pour expliquer l'accident :
• Le technicien en arpentage n'a pas perçu à temps le camion qui reculait dans sa direction;
• Le camionneur ignorait que le technicien était derrière son camion-benne;
• La gestion de la communication et des mesures pour assurer la sécurité des travailleurs qui circulaient sur le chantier était déficiente.
À la suite de l'accident, la CNESST a suspendu le travail sur ce chantier. Elle a exigé du maître d'œuvre, Axco Aménagements inc., qu'il mette en place des mesures de sécurité pour protéger toute personne qui circule sur le chantier et qu'il restreigne les manœuvres de recul des camions, conformément aux dispositions prévues par le Code de sécurité pour les travaux de construction.
La reprise des travaux a été autorisée le 17 octobre 2018 après que l'employeur a mis en place de nouvelles mesures de sécurité.
Comment éviter un tel accident
Pour prévenir les accidents liés aux interactions piétons-véhicules, des solutions existent, notamment :
• planifier la circulation des véhicules automoteurs de manière à limiter la coactivité piétons-véhicules;
• restreindre les manœuvres de recul;
• mettre en place des mesures de sécurité visant à protéger toute personne qui circule sur le chantier notamment à l'aide de signalisation et du port de vêtements de sécurité à haute visibilité.
Suivis de l'enquête
• Le rapport d'enquête sera envoyé à l'Ordre des arpenteurs-géomètres du Québec, à l'Association nationale des camionneurs artisans, au Regroupement des entrepreneurs et des camionneurs indépendants du Québec, à l'Association de la construction du Québec, à l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec, à l'Association Québécoise des Entrepreneurs en Infrastructure, à l'Association patronale des entreprises en construction du Québec, à l'Association des entrepreneurs en construction du Québec et à l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec, afin qu'elles sensibilisent leurs membres à l'importance de planifier la cohabitation entre les travailleurs et les équipements lourds sur les chantiers;
• La CNESST informera les fabricants de camions à benne ou leurs représentants de leurs obligations en matière de positionnement des alarmes de recul;
• La CNESST sensibilisera l'Association des mandataires en vérification mécanique du Québec (ASMAVERMEQ) sur la réglementation et l'importance de bien placer les alarmes de recul;
• L'Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) produira un rapport d'expertise sur l'État de l'art portant sur les technologies de détection de personnes. Ce rapport permettra de faire le point sur les technologies en matière de prévention des risques de collision entre les engins mobiles et les travailleurs.
• Le rapport d'enquête sera diffusé dans les établissements de formation offrant le programme d'études Transport par camion.
Source: CNESST