Accidents routiers : qu’en est-il de celles et ceux qui travaillent sur la route ?
Communiqué de presse
Une recherche québécoise apporte des pistes de solution à des fins de formation et de prévention pour les travailleuses et travailleurs piétons
Montréal, le 18 janvier 2022 – Travailleuses et travailleurs de la route, personnel de la voirie, brigadiers adultes, livreuses et livreurs… Ces corps de métier constituent un sous-groupe vulnérable aux accidents routiers sur le lieu de travail, mais leur exposition est peu documentée dans la littérature scientifique. Une étude pilotée par la professeure Marie-Soleil Cloutier de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) permet de mieux comprendre les déterminants et les circonstances des accidents de la route au travail, notamment chez les membres du corps policier qui s’occupent de la circulation à pied ainsi que chez les signaleuses et signaleurs routiers.
« L’idée était de mieux documenter, d’une part, ce qui est à l’origine des accidents de la route impliquant des personnes piétonnes au travail, et de l’autre, leur expérience sur le terrain. Les chiffres manquent, et ce, même si ce groupe est souvent victime de graves accidents », mentionne la professeure Cloutier, également directrice du Laboratoire piétons et espace urbain (LAPS) de l’INRS.
Des facteurs d’accident prédominants
Cette recherche financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) et menée en collaboration avec des spécialistes de l’Université Laval, de Polytechnique Montréal et du secteur recherche et technologie de Thales Canada, a permis d’identifier plusieurs facteurs associés aux accidents routiers au travail.
« Nous avons constaté que la distraction des conductrices et conducteurs, la conduite imprudente et la vitesse excessive étaient presque toujours en cause dans un accident de la route impliquant une travailleuse ou un travailleur piéton. »
De plus, la chercheuse souligne que près de la moitié de ces accidents ont lieu sur des rues commerciales et, sans surprise, la région de Montréal est celle où on en recense le plus. « Par contre, les accidents les plus graves surviennent plutôt en dehors de la métropole, sur des routes où la limite de vitesse est plus élevée », ajoute la chercheuse spécialisée en sécurité routière.
Pour en arriver à ces conclusions, l’équipe a entrepris une vaste analyse de données existantes appariées de la SAAQ et de la CNESST, incluant près de 900 rapports d’accidents ayant eu lieu entre 2000 et 2016 et qui impliquaient au moins une travailleuse ou un travailleur piéton.
Un environnement de travail peu sécurisé
L’équipe a également étudié les environnements de travail à l’aide d’une collecte de données sur une quarantaine de sites. Elle s’est intéressée à l’expérience sur le terrain d’une cohorte de 19 agentes et agents de police qui s’occupent de la circulation à pied en effectuant des observations en personne et par vidéo. L’équipe a effectué des entrevues supplémentaires avec trois signaleurs.
Une des mesures évaluées par les scientifiques est le niveau de stress rapporté et vécu par les agentes et agents de police lorsqu’ils se trouvent dans la circulation. Pour ce faire, des capteurs mesurant leur fréquence respiratoire ont été utilisés.
Les données recueillies ont révélé que cette dernière est plus élevée lorsqu’ils travaillent dans un milieu urbain dense, avec plus de circulation et une diversité d’usagers de la route (personnes piétonnes, cyclistes, automobilistes).
Par ailleurs, ces mêmes sites jugés « complexes » ont été associés à des niveaux de sécurité plus faibles selon des indicateurs de sécurité routière provenant des analyses vidéo. Ils étaient généralement caractérisés par des interactions plus dangereuses entre les travailleuses et travailleurs piétons et les véhicules, par des distances plus courtes entre ceux-ci et par des vitesses plus élevées de la part des véhicules qui passaient près des personnes au travail.
« Il serait intéressant d’offrir une formation spécifique à la gestion des sites complexes, c’est-à-dire les sites qui ont plusieurs types d’usagers de la route et beaucoup de circulation. Des sites pour lesquels tous les indicateurs de sécurité et de stress étaient plus élevés dans notre étude », explique la professeure Cloutier.
L’équipe de recherche espère que leurs travaux permettront aux employeurs d’utiliser ces données et ces pistes de solution à des fins de formation et de prévention pour les travailleuses et travailleurs piétons au Québec.
Le rapport Accident de la route au travail : qu’en est-il des travailleurs piétons ? s’inscrit dans le cadre d’un appel de propositions lancé par l’IRSST, en 2015, à son réseau de chercheuses et chercheurs pour stimuler la recherche dans le cadre de sa programmation thématique sur les accidents routiers au travail (ART).
Source: Service des communications et des affaires publiques de l’INRS