La CNESST a publié aujourd’hui les conclusions de son enquête suite au décès du pompier, Martin Tremblay, du service des incendies de Boischatel survenu le 19 décembre 2021.
Via les informations via le rapport de la CNESST
En fin de soirée, le 18 décembre 2021, un feu dans le garage attenant à une résidence a été signalé à la centrale d’urgence 911 par la propriétaire. Dans les minutes qui ont suivi, des équipes de pompiers sont arrivées sur les lieux de l’incendie. Aucune procédure de sauvetage n’était alors requise. Le travail pour éteindre les flammes a nécessité le déploiement d’équipes dans quatre secteurs différents à l’extérieur du bâtiment. La progression d’une équipe a amené des pompiers à combattre l’incendie à partir de la terrasse se situant sous l’agrandissement de la résidence. À ce moment, l’agrandissement s’est effondré sur un pompier. Des manœuvres de sauvetage ont été entreprises par des collègues. Le pompier a été transporté à un centre hospitalier, où son décès a été constaté.
Causes de l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident :
Un défaut de construction combiné à la détérioration, par l’incendie, d’une partie de la structure ont causé l’effondrement complet d’un agrandissement construit au-dessus d’une terrasse à partir de laquelle un pompier combattait l’incendie.
Alors que l’intervention s’effectuait selon une stratégie défensive, une équipe a progressé en vue d’entrer dans la résidence pour circonscrire le feu de l’intérieur. Cette progression les a amenés à combattre l’incendie à partir d’une zone dangereuse qui n’avait pas été préalablement identifiée.
Le pompier a été écrasé mortellement par la structure de l’agrandissement.
Il est écrit dans le rapport
Au moment de l’effondrement, l’incendie dure depuis environ 45 minutes et s’est propagé dans le bâtiment complet. Le feu a atteint la toiture du garage et de la résidence. Une échelle aérienne est utilisée au niveau de la toiture, ce qui peut également affecter les composantes de la structure. Considérant que ce type de toiture a une résistance au feu variant entre cinq et dix minutes, les risques d’effondrement du toit et du bâtiment sont bien présents. Ainsi, peu de temps avant l’accident la fixation entre les deux toits est affectée. Cette perte de connexion au niveau de la toiture amène alors un transfert des efforts au niveau de la fixation du plancher entre l’agrandissement et la résidence, particulièrement au niveau des vis. Étant donné que la capacité portante présente un manque de capacité d’environ 19%, elle n’est pas en mesure de reprendre ces efforts latéraux, ce qui cause l’arrachement des vis. L’agrandissement se retrouve complètement dissocié du bâtiment principal et repose seulement sur les colonnes. En raison de l’absence de contreventement de l’agrandissement, les colonnes ne sont pas en mesure de reprendre cette charge latérale. Un mouvement de rotation des colonnes s’initie, ce qui entraîne l’effondrement complet et soudain de la structure de l’agrandissement sur le pompier accidenté. En effet, quelques minutes avant l’effondrement, il rejoint le pompier qui est seul à cet endroit pour combattre l’incendie. Ce dernier quitte le secteur avant l’effondrement.
À la suite de l’accident, la CNESST a exigé de l’employeur, la municipalité de Boischatel, qu’il élabore et modifie ses directives opérationnelles de sécurité et qu’il forme ses travailleurs et travailleuses sur ces directives. L’employeur s’est conformé aux exigences.
Comment éviter un tel accident
Pour éliminer le danger d’effondrement sur un travailleur lors d’une intervention visant à maîtriser un incendie, des solutions existent, notamment, il faut :
établir des méthodes de travail propres au service incendie qui prévoient une structure de commandement à suivre sur les lieux d’un incendie, et informer et former tous les intervenants relativement au respect de cette structure;
former et informer les intervenantes et intervenants des services incendie (pompiers et officiers) concernant l’évaluation des structures et les risques d’effondrement;
identifier et délimiter la zone dangereuse lorsqu’une stratégie défensive est appliquée lors d’un incendie, et ce, dans le but de contrôler la position et la progression des équipes en dehors de cette zone;
prévoir le fonctionnement des communications sur les interventions et préciser les informations importantes à transmettre, notamment entre le commandant des opérations, les officiers et les pompiers et pompières, et s’assurer de leur respect;
s’assurer du suivi du plan des opérations lors des interventions, notamment le suivi des objectifs tactiques des équipes.
Tous les détails du rapport de la CNESST
Rapport de la CNESST : Réaction de la municipalité de Boischatel