Décès d'un travailleur chez Pneu Deauville, à Sherbrooke, lors du gonflage d'un pneu : la CNESST dévoile les conclusions de son enquête
La CNESST rend aujourd'hui publiques les conclusions de son enquête sur l'accident du travail ayant coûté la vie à M. Mario Lequin, préposé au service pour Pneu Estrimont inc., le 27 novembre 2020, alors qu'il se trouvait chez Pneu Deauville, à Sherbrooke.
Chronologie de l'accident
Le jour de l'accident, M. Lequin, habituellement à l'emploi de Pneu Estrimont inc., se trouvait chez Pneu Deauville pour y remplacer un travailleur. La deuxième tâche de sa journée consistait à remonter la roue d'un chariot élévateur. Pour ce faire, il devait d'abord dégonfler le pneu en retirant l'obus de la valve. Par la suite, il devait défaire les six boulons retenant ensemble les deux parties de la jante, puis remonter la roue en utilisant des trous différents. Ces étapes étant terminées, le travailleur a commencé à regonfler le pneu en utilisant la source d'air comprimé du garage.
Pendant le gonflage, le pneu a éclaté, et les deux parties de la jante se sont séparées. L'une d'elles a été projetée et a atteint M. Lequin au front. Les secours ont été appelés sur place et le travailleur, gravement blessé, a été transporté à un centre hospitalier, où il est décédé quelques jours plus tard.
Causes de l'accident
L'enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l'accident :
• des erreurs dans l'assemblage de la jante ont entraîné l'explosion de la roue et la projection d'une partie de la jante.
• l'absence de formation et de supervision adéquates a amené le travailleur à utiliser une méthode de travail dangereuse.
À la suite de l'accident, la CNESST a interdit le montage et le démontage de pneus destinés à des véhicules de plus de 4 500 kg incluant sa charge nominale jusqu'à ce que l'employeur élabore une méthode de travail permettant d'éliminer les dangers liés à une explosion et jusqu'à ce que les travailleurs et travailleuses aient reçu une formation à ce sujet. L'employeur a pris la décision de ne plus travailler sur des pneus de véhicules lourds.
Comment éviter un tel accident
Pour prévenir les accidents lors du gonflage d'un pneu de véhicule lourd, l'employeur doit s'assurer que cela se fait avec un dispositif de retenue qui empêche la projection de composants de roue, tels :
• une cage;
• une chaîne;
• un assemblage de barres.
Par la loi, l'employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l'intégrité physique de ses travailleurs. Il a également l'obligation de s'assurer que l'organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l'accomplir sont sécuritaires et que ses travailleurs ont reçu la formation nécessaire.
Les travailleurs doivent de leur côté faire équipe avec l'employeur pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.
Suivis de l'enquête
• La CNESST transmettra les conclusions de son enquête à l'Association des spécialistes de pneu et mécanique du Québec et à l'Association des mandataires en vérification mécanique du Québec afin que leurs membres en soient informés.
• Le rapport d'enquête sera diffusé dans les établissements de formation offrant les programmes d'études en mécanique automobile, en mécanique de véhicules lourds, en mécanique d'engins de chantier ainsi qu'en mécanique de remorques afin de sensibiliser les futurs travailleurs et travailleuses.
Source: CNESST